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Les épreuves à travers Le symbole perdu

Publié le par Khrist

"Mythological treasures are always protected by tests of worthiness." (The Lost Symbol, Dan Brown)

Le symbole perdu (The Lost Symbol en anglais) est le dernier roman en date de Dan Brown, cloturant ainsi sa trilogie centrée sur le personnage de Robert Langdon et initiée par Anges et démons, puis le Da Vinci Code. Dans ce dernier opus, Brown reprend les ficelles qui ont construit sa notoriété: une société secrète, un secret bien protégé, un tueur efficace et hors norme. Au centre gravite le désormais célèbre spécialiste des symboles, Robert Langdon qui se retrouvera encore une fois au coeur même d'une quête ésotérique.

Le symbole perdu - Dan Brown

Quand on parle du Graal, on parle souvent de l'objet en lui-même (coupe, assiette, anneau, pierre...) mais pas de la quête. Et pourtant, celle-ci est primordiale car nécessaire avant d'atteindre le but ultime. Dès les premiers écrits, les chevaliers devaient endurer des épreuves d'une difficulté redoutable afin de pouvoir prétendre voir ou même toucher l'objet sacré. C'est donc avec Chrétien de Troyes que l'idée des fameux bildungsroman (roman d'initiation) va prendre tout son sens. En effet, le jeune et naïf Perceval devra se confronter à une multitude de rencontres en cascade qui lui permettront de se forger une expérience afin d'appréhender le graal. C'est la raison pour laquelle tant de chevaliers ont échoué, les épreuves étant aussi bien de nature terrestre que céleste.

Perceval - Epreuve

De nos jours, cette idée d'initiation est toujours bien ancrée. Dans Indiana Jones et la dernière croisade, notre héros doit faire face à trois tests faisant valoir sa bravoure, sa foi et son intelligence. Résolument détourné de ses origines celtiques, le Graal de Spielberg emprunte à l'oeuvre de Robert de Boron. L'épreuve de la foi est la plus importante car elle est à la base du scénario: Indy doit-il croire ou non à la légende face au déterminisme de son père qui y a voué toute sa vie? Les trois tests finaux ne font que pousser la héros vers la perfection. Pour trouver le Graal, il faut y croire (on retrouve une excellente analyses des trois tests sur L'empire du spectacle).

Encore plus récemment, Dan Brown introduit un nouveau personnage qui, au premier abord, n'a rien à voir avec un Indiana Jones. Robert Langdon est un académicien de renommée internationale qui se retrouve malgré lui dans des situations improbables. Contrairement à l'aventurier créé par Spielberg, le personnage de Brown n'a rien du casse cou moderne. Autant Indiana se définissait véritablement comme un héros, n'hésitant pas à se mettre en danger pour le bien d'autrui, autant Langdon se trouve plus du côté du héros qui s'ignore.

Le symbole perdu est donc le troisième (et dernier?) volet des aventures de Robert Langdon où celui-ci est confronté aux secrets de la société des francs-maçons, secrets contenus sur la face d'une petite pyramide sous forme de symboles gravés. Bien entendu, Robert Langdon le non-initié, ne perçoit pas encore le sens caché. C'est après avoir semé ses poursuivants qu'il a droit à une première illumination. Transporté sur un tapis roulant d'une pièce à une autre, cette escapade est comparée à une renaissance. Le nouveau Langdon peut désormais, à travers cette mort symbolique, décrypter les symboles qui n'étaient jusque-là pas accessibles. Mais ironiquement, c'est un aveugle qui lui montrera la vraie nature de la pyramide. Un peu plus tard, enfermé dans un "cercueil", Langdon expérimente sa seconde mort par noyade. La réalisation de sa mort imminente lui permet de déchiffrer les nouveaux symboles cachés.

Pourtant, malgré le voyage mouvementé, entrecoupé par ces deux morts symboliques, Robert Langdon ne devient pas le "vrai croyant". C'est peut-être un des aspects des héros modernes. Contrairement à Perceval ou Galahad qui connaissent une ascension croissante vers la félicité tant attendue, Langdon fait parti des sceptiques "qui ne croient que ce qu'ils voient". Alors que les épreuves du Graal sont censées rapprocher le questeur de la figure de Dieu, Langdon reçoit un enseignement différent: l'homme est un temple pour Dieu. En d'autres mots, pour se rapprocher de Dieu, l'homme doit prendre conscience de son propre caractère superhumain.

Un mot sur Mal'akh: le fameux tueur de ce volume qui se prend pour un messager de dieu ou un ange envoyé du ciel s'est fait tatoué tout le corps avec des symboles ésotériques. Il s'est aussi rendu stérile afin de se rapprocher de la nature androgyne des anges. Cette impotence n'est pas sans rappelé le roi pêcheur, blessé "entre les cuisses", et dont le royaume est totalement stérile. Parallèlement au roi pêcheur qui doit sa guérison au Graal, Mal'akh recherche le symbole perdu afin de compléter sa transformation vers un chemin spirituel.

La main des mystères:

La main des mystères

Elle représente une invitation, le début de la quête. Sur chaque doigt est représenté un symbole fort:

- La couronne: au-delà de son lien avec le pouvoir, sa forme circulaire indique la perfection. Le cercle est une constante dans la mythologie arthurienne. La table est ronde car il n'y a aucune hiérarchie entre les chevaliers. C'est le parfait reflet de la fédération des clans autour d'un même idéal. De plus, les formes du Graal ont tendance à revêtir cette même forme. Plat, coupe ou anneau, le cercle reste l'élément important. D'une manière plus générale, la quête du chevalier peut se resumer en un grand cercle où la boucle est vraiment bouclée quand il trouve l'objet tant recherché. Jean-François Lecompte schématise d'ailleurs la quête de Perceval dans le roman éponyme de Chrétien en un grand cercle fait de diverses rencontres (La symbolique du Graal, Ed. E-dite). La couronne symbolise aussi la lignée royale, celle du Graal.

- L'étoile: elle est symbole de lumière mais aussi du monde céleste. Dans la quête du chevalier, on fait référence au monde terrestre opposé au spirituel. Les chevaliers du Graal doivent passer plusieurs épreuves, aussi bien dans le monde terrestre que dans celui des "astres". C'est la raison pour laquelle peu d'élus réussissent. L'étoile, c'est aussi la rencontre de deux triangles. Cette superposition crée un équilibre qui symbolise la sagesse. De même, le chevalier qui trouvera le Graal aura acquis assez de sagesse au cours de sa quête pour la terminer.

- Le soleil: c'est un symbole fort qui représente assez logiquement la lumière, donc par extension la connaissance ou la vérité. C'est après avoir atteint un certain niveau de connaissance que le chevalier du Graal pourra prétendre à la fameuse conquête de l'objet tant recherché. Dans certaines représentations du Graal, ce dernier est d'ailleurs dessiné avec des rayons lumineux émanant de chaque côté.

Le Graal illuminé

- La lanterne: tout comme le soleil, la lanterne est un symbole de connaissance et d'illumination. D'un point de vue pratique, c'est elle qui nous guide dans les ténèbres. Elle représente le fameux guide spirituel qui montre le chemin au jeune questeur avant de pouvoir accéder au Graal. 

- La clé: elle permet l'ouverture d'une porte ou d'un portail. Symboliquement, c'est le moyen qui permet de résoudre l'énigme ou d'arriver à ses fins. La clé permet aussi de comprendre le chemin parcouru jusqu'à présent. Grace à elle, le chevalier questeur parvient à s'élever d'une manière spirituelle afin d'étre prêt à accueillir les secrets du Graal.

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