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Camelot: symétrie et antagonisme

Publié le par Khrist

Dix épisodes de la série Camelot et une chose m'est apparue très clairement: la persistence du chiffre 2. Est-ce une structure involontaire de la part des auteurs ou une volonté totalement assumée? Quoiqu'il en soit, ce chiffre n'est pas anodin. Le chiffre deux a certes beaucoup de signification, notamment dans le fait qu'il représente la dualité du monde partagé entre le bien et le mal. Le chiffre deux représente soit un équilibre entre deux choses, soit une division. Voyons quelques exemples concrets associés à l'histoire de la série.

- Deux lieux emblématiques: d'un côté se trouve le château de Camelot, siège du roi Arthur et de sa cour en devenir, d'un autre le château des Pendragon habité par la demi-soeur d'Arthur, Morgane. C'est de ses deux endroits que viendra le combat principal Arthur / Morgane, clé de voute de cette première saison. Ici le chiffre 2 est une anomalie, un roi ne devant avoir qu'un seul enfant (un mâle) afin de pouvoir lui succéder au trône. Uther a une fille et un garçon qui annonce une guerre fratricide pour l'accession au trône de Bretagne.

- Des relations par deux: dans les légendes celtiques, il y a toujours le sage et le guerrier, le professeur et l'apprenant, l'expérience contre la jeunesse. Pour cela, Arthur est en relation avec Merlin. C'est grace à lui qu'il gagne la confiance du peuple et qu'il prend la consistance d'un roi. Morgane n'est pas en reste avec la figure maternelle que représente Sybille, la terrible religieuse qui permet à la demi-soeur de comploter contre le nouveau roi. Petit à petit, on se rend vite compte que toutes les relations de Camelot sont voués à l'échec: Arthur / Merlin (ce dernier décide de quitter le jeune roi à la fin de la saison), Morgane / Sybille (la nonne meurt en ayant accepté de prendre la culpabilité de Morgane à son compte), Arthur / Guenièvre (leur passion ne peut s'exprimer au grand jour, Guenièvre étant la promise de Leontes), Merlin / Ygraine (leur passion trouvera une fin tragique avec la mort de la mère d'Arthur)...

- Deux systèmes distincts?: à première vue, la terre de Bretagne abrite ceux qui utilisent la magie (comme Merlin et Morgane) et les chrétiens. Dans certains récits arthuriens, on retrouve cette bataille entre le "vieux" système païen et la "nouvelle" religion chrétienne qui tente de se substituer aux vieux rites d'antan. Dans Camelot, la frontière est plus floue. Alors qu'Arthur est conseillé par un mage, il est clairement un roi chrétien, comme on le voit durant son couronnement par un religieux. La magie est d'ailleurs considérée comme quelque chose de dangereux, comme une drogue et Merlin refuse de se laisser tenter par son côté obscur. Morgane, quant à elle, utilise grandement la magie pour parvenir à ses fins alors même que c'est une nonne qui se trouve à ses côtés pour la conseiller.

Camelot - Arthur chrétien

- Deux épées: dans la plupart des légendes arthuriennes, on retrouve en effet deux épées, l'une qui permet à Arthur d'acquérir la légitimité nécessaire à l'accession au trône, la deuxième qui lui donne la puissance pour la durée de son règne. Dans Camelot, la première épée se profile sous la forme d'une épreuve. On comprend que c'est Merlin qui l'a placé afin de permettre à Arthur de prendre toute sa dimension de roi. Cette première épée est d'ailleurs planté dans une pierre en haut d'une cascade (on retrouve les éléments pierre et eau correspondant respectivement aux éléments des deux épées). Alors que dans la légende, l'épée sert réellement à montrer qu'Arthur est l'élu car lui seul peut retirer l'épée, dans la série, c'est différent. La fameuse épreuve de l'épée apparaît plus comme un tour de passe-passe. Il suffit en effet de pousser l'épée au lieu de la tirer pour pouvoir la retirer du rocher. Dans Camelot, n'importe qui aurait pu retirer l'épée juste en connaissant l'astuce de Merlin. Mais c'est en allant chercher la deuxième épée qu'on se rend compte de l'immense pouvoir de manipulation du magicien. Après qu'Arthur ait cassé son épée (qui nous rappelle l'épisode du combat avec Pellinore dans Le Morte d'Arthur de Malory), Merlin part à la recherche d'un forgeron capable de créer l'épée parfaite pour le roi. Il trouve un homme, dont la fille s'appelle Excalibur. Après un travail acharné, l'homme refuse de donner l'épée à Merlin et ce dernier le tue. La fille s'enfuit avec l'épée dans un bateau. Merlin, pour la rejoindre à pied, utilise sa magie et gèle le lac. Au moment où la glace atteint le bateau, la fille tombe et reste piégée sous la glace. En une tentative désespérée, elle arrive à faire un trou dans la glace avec l'épée. Merlin la saisit mais la fille meurt noyée. Plus tard, Merlin racontera à Arthur qu'il a vu une main sortir du lac pour lui donner l'épée. Cela pose évidemment la question de la pertinence du discours de Merlin dans les chroniques arthuriennes, celui-ci étant souvent le narrateur des aventures du roi.

Camelot - Excalibur sort de l'eau

- Deux procès: à Camelot et au château de Pendragon, deux procès ont lieu. Arthur, de son côté, invente sans le vouloir le procès citoyen où le roi est juge mais avec un juré pour débattre. De l'autre côté, Morgane doit faire face à des accusations contre Sybille et se désigne d'elle-même juge et juré. Ces deux procès montrent les deux façons de gouverner des deux protagonistes: Arthur et son désir de fédérer qui menera à la création de la Table Ronde, alors que Morgane a une conception plus personnelle du pouvoir.

La Table Ronde inachevée

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